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Friday, March 2, 2012
"L'embryon humain ne peut etre considere comme un simple materiau de recherche"
La Synthese de presse bioethique du vendredi 2 mars 2012 Dans une tribune publiee sur Atlantico.fr, Jean-Marie Le Mene, president de la Fondation Jerome Lejeune, revient sur les propos de Francois Hollande, candidat socialiste a la presidentielle, qui a declare vouloir faire modifier la loi de bioethique de 2011 par le Parlement "afin d'autoriser la recherche sur les cellules souches embryonnaires". Jean-Marie Le Mene denonce l'argumentation anti-scientifique sur laquelle s'appuie Francois Hollande pour justifier son intention. - En effet, ce dernier a d'abord affirme que "la recherche sur ces cellules (embryonnaires) est riche de promesses pour soigner et sauver des vies". Jean-Marie Le Mene rappelle en quoi consistent les "progres therapeutiques" attendus des cellules souches en general : la modelisation de pathologies et le criblage de molecules, recherches par l'industrie pharmaceutique, et la therapie cellulaire a partir de greffes de cellules souches pour des patients malades. Concernant la premiere visee (modelisation de pathologies et criblage moleculaire), les cellules souches reprogrammees (dites aussi cellules iPS) montrent une efficacite optimale. Pour ce qui est de la therapie cellulaire, la plupart des chercheurs considerent que les cellules souches embryonnaires ne sont pas prometteuses. De plus, c'est aujourd'hui grace aux cellules souches adultes et de sang de cordon que l'on parvient a "soigner et sauver des vies". - Francois Hollande a ensuite affirme qu' "une cellule souche n'est pas un embryon". Or, precisement, la recherche sur les cellules souches embryonnaires impliquent la destruction des embryons. C'est pour cette raison que la Cour europeenne de justice, dans sa recente decision sur la brevetabilite de l'embryon, a considere l'embryon humain et les cellules souches embryonnaires humaines de facon identique (cf. Synthese de presse du 18/10/11 et Lettre mensuelle d'octobre 2011). - Enfin, Francois Hollande a evoque un "retard" de la France par rapport a d'autres pays. Pourtant, on constate que les pays qui ont autorise la recherche sur l'embryon depuis plusieurs annees n'ont aucune avance sur la France. Si le pays connait un retard, c'est dans le domaine de la recherche sur les cellules souches non embryonnaires (adultes, iPS) dont l'efficacite therapeutique est prouvee. Si certains revendiquent l'autorisation de la recherche sur les cellules embryonnaires, c'est bien parce que "l'embryon humain est utile a l'industrie pharmaceutique", tant en matiere de recherche en ce qu'il remplace l'utilisation de l'animal que pour servir d' "outil de criblage pharmacologique et de modelisation de pathologies". Francois Hollande n'a pas choisi par hasard le cadre du Genopole d'Evry, abritant le laboratoire I-Stem de Marc Peschanski, pour se positionner en faveur de ces recherches. I-Stem a en effet passe un contrat de 20 millions d'euros avec un laboratoire pharmaceutique, en 2009, pour modeliser des pathologies a partir de cellules embryonnaires humaines. En outre, certains travaux d'I-Stem sur l'embryon humain ont obtenu une autorisation au mepris des conditions fixees par la loi pour effectuer ces recherches (Cf. Synthese de presse du 18/10/10). Dans une recente tribune, le Pr Axel Kahn, appuyant la declaration de Francois Hollande, a brandi "le spectre du lobby religieux pour discrediter les defenseurs d'une protection reelle de l'embryon". Or, que l'embryon humain soit un etre humain est un constat scientifique qui n'a rien a voir avec une opinion religieuse ou un choix philosophique. Cette revendication vient heurter la protection des etres humains les plus vulnerables, quel que soit leur stade de developpement ou age, qui est un principe fondateur de la societe francaise. En 2009, dans son rapport preparatoire a la revision de la loi de bioethique, le Conseil d'Etat insistait justement sur le fait que "l'embryon ne peut etre considere comme un simple materiau de recherche".
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