Vendredi 13 avril 2012 à 14:00 (Tradingsat.com) - Cellectis a annoncé des objectifs de croissance ambitieux à l'occasion de la récente publication de ses résultats annuels. Pour le spécialiste de l'ingénierie du génome, dont l'activité va des kits de recherche pour les laboratoires à l'approche thérapeutique, en passant par les semences agricoles, « la prochaine révolution des biotechnologies est en route », comme nous l'explique Marc Le Bozec, le directeur financier de l'entreprise.
Tradingsat : Quelle sera « la prochaine révolution des biotechnologies » ? Marc le Bozec : L'ensemble des techniques mises au point par Cellectis va permettre deux choses : d'une part offrir la possibilité aux professionnels des sciences de la vie de travailler de façon plus stable, plus facilement reproductible et plus viable économiquement et industriellement, ce qui ouvre de nouvelles perspectives, et d'autre part de développer, au sein du groupe, des programmes thérapeutiques innovants. Dans le domaine des produits et services aux chercheurs en sciences du vivant par exemple, il fallait auparavant deux à trois ans pour mettre au point une souris mimant une maladie humaine, sans être certain du résultat. Avec notre technologie, quelques semaines suffiront. Dans le domaine des biotechnologies agricoles, nos technologies permettent d'accélérer la mise au point d'une semence améliorée. Dans le domaine thérapeutique enfin, qui va véritablement émerger au sein du groupe au cours des prochaines années, nos technologies vont permettre de s'attaquer aux causes des maladies, et non plus simplement aux conséquences.
Tradingsat : Quelles maladies par exemple ? Marc le Bozec : Nous nous concentrons sur les thérapies cellulaires ciblées contre le cancer, le diabète, les virus. Prenons un exemple très concret : le Sida. Notre concurrent Sangamo a déjà commencé des tests cliniques sur des patients infectés, auxquels on a prélevé des cellules du système immunitaire pour les modifier avant de les réinjecter. Les résultats publiés très récemment montrent que sur douze personnes en traitement aujourd'hui, quatre ne sont déjà plus sous trithérapie... La méthode de Sangamo est très proche de la nôtre : elle consiste à enlever le gène qui permet de fabriquer la « porte d'entrée » du virus dans la cellule, et donc à créer une résistance à ces virus.
Tradingsat : A combien se chiffre le potentiel de ces technologies ? Marc le Bozec : Il faut comprendre que dans les 10, les 15, les 20 prochaines années et même au-delà, nous allons voir arriver un grand nombre d'applications dans ces grands domaines industriels qui représentent un potentiel de chiffre d'affaires de plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de milliards d'euros ! C'est pour cela que je parle de révolution. Nous n'en avons encore que très peu conscience aujourd'hui dans la mesure où le potentiel réside dans des applications qui étaient complètement inimaginables jusqu'à présent, en particulier dans le domaine thérapeutique.
Tradingsat : A quel stade de son développement Cellectis se situe aujourd'hui, un peu plus de 5 ans après son introduction en bourse ? Marc le Bozec : Cellectis a commencé sa transition d'une entreprise de technologie vers une entreprise de produits et de services. Le cœur de la société reste inchangé, mais ses filiales d'application grandissent, mettent au point de nouveaux produits et les commercialisent. Cette évolution va s'accélérer au cours des années à venir. .Nous avons également lancé de premiers programmes thérapeutiques, pour la production de globules rouges de substitution et pour le traitement du diabète. Dans le domaine des semences, nous ne fournissons plus seulement notre technologie à Monsanto, DuPont, Bayer ou Limagrain, mais nous mettons désormais au point nos propres semences en vue de les commercialiser. D'une trentaine de personnes en 2006, nous sommes aujourd'hui 230 ; l'essentiel des ressources humaines se concentre dans les filiales d'application. Nos recrutements comportent davantage de profils commerciaux et plus seulement des scientifiques. Nous recrutons activement dans le domaine thérapeutique dans l'optique de nos premiers essais cliniques après avoir considérablement étoffé les équipes de notre activité cellules souches en 2011.
Tradingsat : A ce stade, vos ventes de produits répondent-elles à votre plan de marche ? Marc le Bozec : Aujourd'hui l'essentiel de nos revenus provient de notre offre de services à destination des chercheurs permettant de modifier spécifiquement un gène dans tout type cellulaire, en appoint des revenus de licence. Nos nouvelles offres commerciales dans ce domaine ont obtenu beaucoup de succès en 2011. Nous visons un marché de 300 000 laboratoires dans le monde alors que l'on peut estimer entre 1000 et 2000 le nombre des premiers clients ayant adopté notre technologie ou celle – voisine – de notre unique concurrent sur ce marché, ce qui laisse un potentiel significatif. Concrètement, après 2 millions de dollars de chiffre d'affaires l'année dernière, nous visons 6 millions cette année pour cette activité, et 30 millions à l'horizon 2015. Nous anticipons une croissance du chiffre d'affaires global du Groupe pour atteindre l'équilibre en 2013 ou 2014.
Tradingsat : Quelle sera l'actualité de Cellectis en 2012 dans le domaine des cellules souches ? Marc le Bozec : 2011 a été une année transformatrice avec le rachat du suédois Cellartis et son intégration, avec notre filiale Ectycell, au sein d'un pôle regroupant toutes les activités de Cellectis dans le domaine des cellules souches. Les cellules souches vont nous permettre de mettre au point des thérapies cellulaires ciblées à moyen terme, et de fournir des services aux industriels à plus court terme. En 2012, nous allons notamment communiquer sur le rythme de constitution de notre banque de cellules iPS, car plus sa taille sera importante, plus elle donnera accès à un patrimoine génétique humain diversifié, et plus sa valeur sera grande. Nous finalisons nos premières offres commerciales. Par exemple, on peut imaginer la vente de mini-banques de cellules de foie regroupant le patrimoine génétique de plusieurs centaines d'individus, à partir desquelles un groupe pharmaceutique pourra tester de nouveaux médicaments. La même chose est envisageable avec des cellules de peau pour des groupes cosmétiques souhaitant tester de nouveaux produits.
Tradingsat : Sur le plan financier, quand atteindrez-vous l'équilibre ? Aurez-vous besoin de faire de nouveau appel au marché ? Marc le Bozec : Sauf en cas de nouvelle acquisition, nous n'aurons pas besoin de lever de nouveaux fonds. Notre position de trésorerie s'élevait début 2012 à 43 millions d'euros environ. Nous anticipons une consommation de cash maximale d'une vingtaine de millions cette année, qui ira decrescendo au cours des prochaines années, étant donné que le chiffre d'affaires va croître plus vite que les charges. Nous visons 35% de croissance en 2012, puis 40% en 2013 et en 2014 ; nous espérons atteindre l'équilibre l'année prochaine ou celle d'après. C'est la force de notre modèle économique alors que nombre de sociétés de biotechnologie n'ont pas de perspective de rentabilité à court terme. Cellectis se prépare à créer beaucoup de valeur, que ce soit dans les domaines des semences, du carburant, des cellules souches, ou du thérapeutique. La société affiche un potentiel de valorisation de plusieurs milliards alors qu'elle n'a levé qu'une centaine de millions d'euros.
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