Les cellules souches cardiaques Les cellules souches adultes sont à la base du renouvellement naturel des tissus. Depuis 2009, on sait qu'il est possible d'en trouver dans le coeur. Une étude américaine (Scipio) a testé sur seize patients ayant souffert d'un infarctus du myocarde l'effet de l'injection dans les artères coronaires de leurs propres cellules souches cardiaques. Quatre mois après, on a observé chez tous les patients une amélioration de 8 % de la fonction cardiaque et chez près de la moitié d'entre eux une diminution de 24 % de la zone nécrosée. Des résultats encourageants mais qui nécessiteront d'être confirmés à plus grande échelle.
Les cellules souches adultes mésenchymateuses Mais d'autres types de cellules souches adultes ont aussi été testés. Jérôme Roncalli monte actuellement avec sept CHU français un essai (Mesami) qui inclura 90 patients souffrant d'insuffisance cardiaque. Ils vont être traités avec des cellules souches adultes mésenchymateuses. Ces cellules, présentes la moelle osseuse et dans les tissus graisseux, peuvent se différencier en plusieurs tissus tels que muscle, cartilage, os, tendons, vaisseaux. « L'essai va tester la capacité de ces cellules à régénérer des vaisseaux sanguins dans les zones mal irriguées du coeur et à stimuler le renouvellement des cellules musculaires cardiaques », explique Jérôme Roncalli.
Les cellules souches de moelle osseuse Les cellules souches de moelle osseuse ont aussi été utilisées dans plusieurs essais. « Ces cellules peuvent, pour une sous-population d'entre elles, se différencier en cellules musculaires cardiaques et en cellules vasculaires », explique Philippe Hénon, directeur de l'Institut de recherche en hématologie et transplantation de Mulhouse. Plusieurs études, dont une (Bonami) menée en 2011 par Jérôme Roncalli, ont montré que ces cellules stimulent les capacités de réparation postinfarctus du muscle cardiaque. Un essai clinique européen de phase III est maintenant prévu avec ces cellules, pour étudier cette fois leur impact sur la mortalité. L'avantage des cellules de moelle osseuse est que leurs caractéristiques sont bien connues, puisqu'on les utilise depuis quarante ans pour soigner les leucémies. Et le traitement se trouve facilité si on évite au patient le prélèvement de moelle osseuse, en récupérant les cellules souches directement dans le sang circulant. Il faut ensuite les multiplier pour en disposer en quantité suffisante avant de les réinjecter directement dans la lésion grâce à un cathéter. La société française CellProthera est en train « d'industrialiser » ce procédé sur la base des travaux réalisés par Philippe Hénon. Un essai préliminaire mené sur sept patients ayant subi un infarctus a donné des résultats concluants, qui devront toutefois être confirmés par un essai clinique de phase I-II prévu cette année.
Les cellules souches embryonnaires L'utilisation de cellules souches embryonnaires, enfin, est la dernière piste suivie. Philippe Menasché, chirurgien cardiaque à l'hôpital européen Georges-Pompidou, attend l'autorisation de l'Afssaps pour démarrer un essai clinique destiné à évaluer la faisabilité et l'innocuité de l'administration de cellules souches embryonnaires à six patients souffrant d'insuffisance cardiaque et non transplantables. Conditionnées dans un patch, elles seront déposées sur la zone nécrosée à l'occasion de la pose de valves ou d'un pontage.
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