Sunday, May 13, 2012

Santé. Des cellules souches pour réparer le cœur


Ouest-France Multimédia   mercredi 09 mai 2012  Un médecin a développé une méthode révolutionnaire, pour les victimes d'infarctus sévère :utiliser des cellules souches du sang du patient, en faire un « greffon » et le réinjecter. Philippe Hénon, hématologue à Mulhouse (Haut-Rhin), a mis au point une technique pour réparer les coeurs endommagés après un infarctus. Ce dernier se produit lorsqu'une ou plusieurs artères se situant autour du coeur se bouchent. Manquant d'oxygène, les cellules souffrent, voire meurent. S'il ne décède pas, le malade s'en sort avec une insuffisance cardiaque. Généralement, il subit une transplantation du cœur. Philippe Hénon propose plutôt d'injecter des cellules souches sanguines du patient. Les cellules souches sont des cellules indifférenciées capables de se reproduire et de donner naissance à des cellules différenciées (du sang, des muscles, etc.). L'équipe du professeur Hénon, né en Bretagne, a été la première à utiliser des cellules souches sanguines pour traiter la leucémie, en 1986 : « Nous pensions qu'elles ne pouvaient régénérer que la moelle osseuse. Mais nous avons découvert qu'elles peuvent aussi reconstituer les cellules du muscle cardiaque et les petits vaisseaux sanguins. »
Opéré le matin, rentré le soir Un essai a commencé en 2002, sur sept malades. Quatre ans après l'opération, la moyenne de récupération des capacités est de 73 %. « Une patiente, opérée il y a neuf ans, travaille dans une ferme. Elle a pu aller faire du trekking au Canada ! », se félicite Philippe Hénon. Depuis, la technique a été simplifiée. L'injection du greffon ne nécessite plus d'ouvrir le thorax : elle se fait via un cathéter - un tube, introduit dans l'organe. « Le patient est opéré le matin et rentre chez lui le soir », précise l'hématologue. Alors qu'une transplantation cardiaque, c'est « sept jours d'hospitalisation et trois semaines de rééducation ». Autre amélioration, il suffit d'extraire 200 ml de sang : « Une simple prise de sang. » Les cellules souches prélevées sont envoyées dans des automates, qui vont les multiplier en neuf jours. Ces cellules multipliées s'appellent un «greffon». De nouveaux essais cliniques, sur 150 patients, commenceront en 2013 et dureront deux ans. « S'ils sont concluants, les automates et un kit d'opération à usage unique seront mis sur le marché d'ici à 2015. »
120 000 infarctus par an Une prévision optimiste, selon Philippe Mabo. « Les exigences sont tellement grandes pour la validation clinique, rappelle ce chef du service de cardiologie du CHU de Rennes. La piste des cellules souches est passionnante. Mais elle n'est pas nouvelle. Par exemple, le professeur Ménasché, à Paris, travaille sur des cellules souches embryonnaires depuis une vingtaine d'années... » Sans avoir possibilité, pour l'heure, de mise sur le marché. La technique du professeur Hénon, elle, présente au moins deux avantages. Contrairement aux cellules souches prélevées sur des embryons, dont l'utilisation par la recherche est limitée par la loi française, les cellules sanguines ne posent pas de problème éthique. Et comme le greffon provient de l'organisme du patient, il n'y a aucun risque de rejet. En France, chaque année, 30 000 personnes font un infarctus « sévère » avec une espérance de vie de quelques mois. Ce sont à eux que s'adresse la thérapie cellulaire.

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